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Luxation de hanche : Traitement par suture ilio-fémorale résorbable

Luxation de hanche : Traitement par suture ilio-fémorale résorbable
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Luxation de hanche : Traitement par suture ilio-fémorale résorbable

Auteur : Antoine PUIFFE, David JACQUES

Indications :

Cette technique est utilisée pour le traitement des luxations traumatiques cranio-dorsales de la hanche aiguës ou chroniques. Elle consiste en la mise en place de sutures extracapsulaires iliofémorales qui jouent le rôle d’une prothèse capsulaire. Ces sutures stabilisent l’articulation coxo-fémorale le temps de la cicatrisation de la capsule articulaire lésée.

Le cas présenté ici est une luxation crânio-dorsale traumatique de la hanche droite sur un Golden Retriever adulte. La tête de l’animal se trouve donc à droite des photographies.
L’incision cutanée est centrée sur le grand trochanter (GT), elle suit le bord crânial du fémur jusqu’à la moitié de sa longueur. Proximalement, l’incision s’incurve légèrement en direction crâniale.
Les bords de la plaie sont séparés du conjonctif et de la graisse sous-jacents puis rétractés grâce à des écarteurs de Gelpi. Le feuillet superficiel du fascia lata (FL S) est incisé en suivant le bord crânial du muscle biceps fémoral (BF).

GT : Grand trochanter
FL S : Feuillet superficiel du fascia lata
Le muscle biceps fémoral (BF)est rétracté caudalement, le feuillet profond du fascia lata (FLP) est incisé suivant la même ligne.

BF : Muscle biceps fémoral
FL P: Feuillet profond du fascia lata
L’incision du feuillet profond du fascia lata (FLP) permet la libération de l’insertion du muscle tenseur du fascia lata (TFL).
La dissection se poursuit à travers le septum intermusculaire entre le bord crânial du muscle fessier superficiel (FS) et le muscle tenseur du fascia lata (TFL).

FS : Muscle fessier superficiel
VL : Muscle vaste latéral
BF : Muscle biceps fémoral
TFL : Muscle tenseur du fascia lata
L’insertion du muscle fessier superficiel (FS) sur le 3ème trochanter est ici libérée afin de faciliter l’accès à l’articulation.

FS : Muscle fessier superficiel
VL : Muscle vaste latéral
La dissection mousse permet la visualisation d’un triangle délimité dorsalement par les muscles fessiers moyen (FM) et profond (FP), ventralement par le muscle vaste latéral (VL) et médialement par le muscle droit de la cuisse. L’articulation coxofémorale se situe au niveau de ce triangle.
Une incision est alors pratiquée dans la capsule articulaire et se poursuit latéralement le long du col fémoral, à travers l’origine du muscle vaste latéral (VL) sur le col.

FM : Muscle fessier moyen
FP : Muscle fessier profond
VL : Muscle vaste latéral
L’élévation de l’insertion du muscle vaste latéral (VL) permet la visualisation de la tête (TF) et du col du fémur (CF). Pour plus de facilité, cette élévation doit se faire disto-proximalement.

TF : Tête du fémur
CF : Col du fémur
GT : Grand trochanter
FM : Muscle fessier moyen
FP : Muscle fessier profond
DC : Muscle droit de la cuisse
VL : Muscle vaste latéral
L’acetabulum (A) est nettoyé des débris, caillots sanguins, fibrine, tissu de granulation ainsi que des restes du ligament rond (LR).

A : Acetabulum
LR : Ligament rond de la tête fémorale
CA : Capsule articulaire
TF : Tête du fémur
Un premier tunnel est foré à la base du grand trochanter (GT), en direction caudo-crâniale et selon un angle de 90° par rapport au grand axe (GA) du fémur

GT : Grand trochanter
GA : Grand axe du fémur
Un second tunnel est foré dans l’ilium (I), 1 à 2 cm crânialement à l’acetabulum, en direction latero-médiale. Il est important de maintenir une direction dorso-ventrale lors du forage afin de récupérer facilement la suture sur la face ventro-médiale de l’ilium

I : Ilium
TF : Tête du fémur
VL : Muscle vaste latéral
Un fil de cerclage en acier plié en 2 est utilisé comme passe-fil pour faciliter le passage de plusieurs brins de fil résorbable (Polyglactin 910 déc 5, Vicryl ™) à travers les tunnels osseux.
Le passe-fil ainsi réalisé est ensuite introduit dans le tunnel de l’ilium (I) en direction latéromédiale, puis récupéré à la face ventro-médiale de l’ilium et tiré jusqu’à ce que la moitié de la longueur des fils de suture ait passé le tunnel.

I : Ilium
TF : Tête du fémur
Flèche bleue : Sens de passage de la suture
L’articulation luxée est alors réduite, la capsule articulaire est suturée par des points séparés de fil résorbable lent monobrin (Poly-P-dioxanone, déc 3, Monoplus™).
L’extrémité latérale de la prothèse (ELP) est passée dans le tunnel fémoral selon le même principe que pour le tunnel iliaque, en direction crânio-caudale. Un clamp est ensuite passé caudo-crânialement sous les muscles fessiers afin de récupérer l’extrémité médiale de la prothèse (EMP) et de la passer crânio-caudalement sous les fessiers. Le but est de créer un 8 au dessus de la capsule articulaire.

FM : Muscle fessier moyen
FP : Muscle fessier profond
GT : Grant trochanter
ELP : Extrémité latérale de la prothèse
EMP : Extrémité médiale de la prothèse
Flèches bleues : Sens de passage de la prothèse
Les deux extrémités de la prothèse se trouvent ainsi sur la face caudale du fémur.
Le membre est ensuite positionné en abduction et en rotation interne afin d’obtenir une coaptation maximale entre la tête du fémur et l’acetabulum, puis la prothèse est tendue et nouée sur la face caudale du fémur.
L’origine du muscle vaste latéral, désinsérée lors de l’abord de l’articulation, est suturée avec le bord ventral du muscle fessier profond, avec des points séparés de fil résorbable monobrin à résorption lente (Poly-P-dioxanone, déc 3, Monoplus™)

SVL : Suture du muscle vaste latéral
FS : Muscle fessier superficiel
Le muscle fessier superficiel (FS) est resuturé.

FS : Muscle fessier superficiel
VL : Muscle vaste latéral
Le fascia lata est ensuite suturé de manière classique au muscle biceps fémoral, par un surjet simple de fil tressé résorbable (Polyglactin 910, déc 3, Vicryl™)
La peau est enfin refermée par un surjet sous-cutané résorbable (Polyglactin 910, déc 3, Vicryl™) puis un surjet cutané simple irrésorbable (Dafilon ™, déc 3)
Un pansement collé simple est mis en place, aucune immobilisation post-opératoire n’est souhaitable. Le pronostic est bon à environ 90 %.